soit l' hypothèse des
fantaisies d'un paysan, carrier-vigneron égrillard
inspiré par Rabelais dans une cave, à la
période du Moyen-Age finissant ou à la
Renaissance.
Raymond MAUNY nous livre, en outre 3
remarques intéressantes :
-M ENGUEHARD, Architecte
départemental des Monuments Historiques, date les
fours (ogive) et la coiffure de la grande femme de la fin
XV° ou XVI°siècle.
-cette imagerie d'art populaire
possède une analogie de thème avec Royston
Cave située dans la région de Cambridge au
nord de Londres (Herts Angleterre).
-sur l'une des sculptures -
C61-
est gravée une date (1)740, qui constitue un fort
utile terminus post quem, autrement dit, cette date est
postérieure à la création de la
sculpture.
HYPOTHESE ANNIE
BRETHON - DANIEL LIST
Conservateurs du site pendant 20 ans
XVIème
siècle
Hypothèse de Daniel LITZ et
Annie BRETHON basée sur une interprétation
des sculptures:
une confrérie de tailleurs de
pierres sculpte dans la pierre de tuffeau les
événements politiques de leur temps : les
guerres de religion et donnent des indices de leur
époque :
le port du caleçon chez la
femme, importé d'Italie par Catherine de
Médicis,
la barrette de veuvage de Catherine de
Médicis à la mort d'Henri II,
la "fraise" : col porté
à cette époque.
les instruments de musique
représentés dans la cave,
un Indien vivant en Anjou.
A Dénézé,
existe-t-il des tailleurs de pierres ?
C'est un témoignage d'art
populaire, non officiel, destiné à quelques
initiés, tenu secret aux yeux des autorités
pendant toute une période troublée, et
demeuré dissimulé jusqu'à nos
jours.
Voici le contexte
socio-économique proposé par les auteurs de
l'hypothèse :
Les tailleurs de pierre (les «
carryeux » des Mousseaux) extraient du sous-sol un
tuffeau compact et tendre à travailler, qui
fournit une excellente pierre à bâtir.Au
début de la Renaissance, le bourg de
Dénezé et le village des Mousseaux sont en
pleine expansion, mais les troubles liés aux
guerres de religion dévastent la région.Le
bourg de Dénezé est détruit entre
1567 et 1569.Il n'en subsistera que l'église et le
cimetière.
Les Mousseaux de Dénezé
forment une communauté originale, au sein de
laquelle une uvre unique en son genre a pu
être créée et préservée
secrètement grâce à la
complicité collective du village.
Le site a dû contenir des
milliers de sculptures.Plus ou moins caricaturales, elles
s'enchevêtrent dans des frises truculentes.De
nombreuses femmes, des hommes dans des postures parfois
obscènes, avec des faciès évoquant
mongols, négroïdes, indiens, turcs
Certains corps semblent disproportionnés, en
fait le véritable relief ne se
révèle que de nuit à la lueur d'une
bougie, la statuaire paraît alors beaucoup moins
maladroite.
Rien dans le style n'évoque la
maîtrise de la statuaire de la Renaissance.En
l'absence de toute référence écrite
et de mobilier datable, les auteurs sont partis des
éléments sculptés :
- haut de chausse valois, fraise,
vertugadins, et deux accessoires de coiffure:
l'attifet et le ruban ou la pointe de
veuvage,reflètent la mode du
XVI°siècle
- l'espoitrinement valois,
dénudant les seins, mode en vigueur à la
cour du roi Charles IX
- le caleçon féminin
introduit en France par Catherine de
Médicis
- les instruments de musique de la
Renaissance
Les auteurs affirment que les
occupants de cette loge souterraine étaient des
maçons et des tailleurs de pierre.Ils vivaient en
communauté et devaient pratiquer sous terre un
rituel initiatique secret, comme de nombreuses
confrairies de métier.
HYPOTHESE
DIABLERIES DE DOUE ET CARNAVAL
Hypothèses de Patrick
Saletta, également défendue par Anne Godet,
reprenant les observations de Patrick
Piboule
XVIème et
début XVIIème siècle
Le
Carnaval
"Nous sommes au tout début du
XIIème siècle, et les hommes du village de
Dénezé se préparent depuis quelques
semaines pour les grandes fêtes de la
ville."
On retrouve dans les personnages
sculptés des symboles carnavalesques : les
processions, l'allaitement, le souffle, les plumes
d'oiseau.
A Dénézé : proche
du village, dans la région, Rabelais écrit
son oeuvre. Il parle des diableries de Doué
(distante de quelques kilomètres) que l'on
retrouve dans le "quart livre" : chapitre 3, chapitre 4,
chapitre 13, chapitre 52.
Dans un article paru dans la revue
Subterranea n°14 en 1975, Patrick PIBOULE mentionne
l'importance des « jeuz de Doué » dans
l'uvre de Rabelais.. Ainsi s'expliqueraient les
thèmes différents des frises
sculptées : une interprétation de la
Passion, spectateurs s'adonnant à des
activités érotiques, musiciens dans une
procession de diables mêlant « tant joueurs
que spectateurs ».
Ceci fait référence
à des uvres rabelaisiennes publiées
entre 1546 et 1552.
Pourquoi de telles sculptures dans une
cave? L'Eglise et la Monarchie indulgentes pour
l'érotisme et la paillardise en début de
siècle, reprennent bientôt leur lutte contre
l'hérésie (création d'une Chambre
ardente, interdiction de la représentation des
mystères). Il est possible que les jeuz de
Doué supprimés, l'on ait continué
à représenter une parodie de la Passion et
que l'on ait, à cette occasion sculpté les
frises de la cave des Mousseaux.
Patrick SALETTA situe, un peu plus
tard, cette scène sortie de son
imaginaire.
« Nous sommes au début du
XVII°siècle, et les hommes du village de
Dénezé se préparent depuis quelques
semaines pour les grandes fêtes de la ville de
Doué.« Il n'y a pas plus hideux qu'un diable
de Doué » dit le dicton. Les diables de tout
le pays y viendront préparés, de Loudun, de
Poitiers, et des villages alentours. La fête promet
d'être bien joyeuse et les filles
appétissantes.Dans la cave des diables, on
s'affaire bon train pour préparer les
déguisements, converser et en rire
d'avance.
Histoire à dormir debout ou
vision personnelle des lieux ? Cette cave aux sculptures
me donne une sensation de joie et de Rabelaisie. Quel
qu'ait été le sculpteur, ce devait
être un bon diable ! »
ART POPULAIRE LIE A
LA VIE PAROISSIALE
XVIIème
siècle
Epoque où l'on conteste la
religion catholique. Urbain GRANDIER, prêtre,
aumônier d'un couvent de religieuses, est
brûlé vif à Loudun. Dans l'ouvrage
d'Aldous HUXLEY qui lui est en partie consacré, "
Les diables de Loudun ", on cite " les confessions " de
J.Jacques BOUCHARD, prêtre lui aussi :
scènes de masturbations collectives sous
l'égide du religieux, pendant les cours de
catéchisme. Des prêtres, en ce temps, font,
souvent, " oeuvre de libertinage ", d'après "
L'histoire des catholiques " de François
LEBRUN.
A Dénézé : il ne
faut pas oublier que la cave aux sculptures est
située sous le clos de vigne de la cure.
Y a-t-il des tailleurs de pierres ? Et
sont-ils liés à la paroisse ?
Des dates sont inscrites dans la
Caverne , sculptées dans la pierre : 1633- 1634-
1648.
Dans les textes d'archives, on peut
retrouver que, en 1680, Pierre PERDRIAU est maçon,
en 1668, Charles HUBAULT est maître maçon,
tailleur de pierre et très lié à la
Fabrique (conseil paroissial qui, à
l'époque, présentait autant d'importance
que le conseil municipal actuel). Il sait signer.
En 1693, Pierre PELE est procureur de
fabrique.
En 1659, Guillaume BOIVIN est prieur
à Dénézé. Le prieuré
se trouve auprès de l'église paroissiale.
On peut voir, gravé dans une pierre : OIVIN et
auprès, 1648.
En 1677 et 1692, deux
salpêtriers vivent au Mousseau : Pierre CORBINEAU
et Jean MINGNENEAU, or le salpêtre est extrait des
caves humides que l'on gratte pour fabriquer, ensuite, de
la poudre à canon.
En 1699, René DUCHAMP et
René GREGOIRE sont maçons et vivent aux
Mousseaux
UVRE DE
FRANCS-MAÇONS
XVIIIème
siècle
Les Francs-maçons,
société de gens d'élite et
relativement secrète, créent une loge
à Doué la Fontaine. Elle se fait remarquer
par son extrême activité et la franche
rigolade qui anime les rencontres ; en effet, on y joue
de la musique, on s'exerce à la
comédie.
Quelques-uns, parmi les membres de la
Loge habitent Dénézé : les villages
de Beauvais, de Varannes. On pourrait imaginer des
cérémonies dans un monde
souterrain.